ENTREPRENDRE

Se lancer en freelance : quel statut juridique choisir ?

De plus en plus de personnes choisissent le freelance pour exercer leur activité professionnelle de manière indépendante. Mais avant de démarrer, une question cruciale se pose : quel statut juridique choisir quand on se lance en freelance ? Le choix du statut a des conséquences directes sur la fiscalité, la protection sociale, les démarches administratives et le développement futur de l’activité. Cet article vous guide à travers les principales options pour vous aider à faire le bon choix.

Femme souriante en pull jaune écrivant dans un carnet, assise à une table avec un ordinateur portable et une tasse de café.

Derniers changements le 01/10/2025

Comprendre l’importance du choix du statut juridique

Le statut juridique est le cadre légal qui encadre votre activité. C'est l'une des démarches pour créer votre entreprise les plus importantes, car il détermine :

  • le régime fiscal applicable (impôt sur le revenu ou impôt sur les sociétés) ;
  • la protection sociale (assurance maladie, retraite, chômage) ;
  • la responsabilité financière de la personne indépendante ;
  • la crédibilité vis-à-vis des clients, partenaires ou banques.

Choisir le mauvais statut peut entraîner des coûts plus élevés, une couverture sociale insuffisante ou des contraintes administratives inadaptées.

Les principaux statuts pour se lancer en freelance

1. Le régime de la micro-entreprise

C’est le statut le plus simple et le plus rapide à mettre en place.

Avantages :

  • Formalités de création gratuites et rapides (déclaration en ligne auprès de l’Urssaf).
  • Comptabilité simplifiée (livre des recettes et registre des achats si activité de négoce).
  • Franchise en base de TVA sous certains seuils.
  • Cotisations sociales proportionnelles au chiffre d’affaires encaissé.

Limites :

  • Plafond de chiffre d’affaires : 77 700 € pour les prestations de services, 188 700 € pour les activités commerciales (2025).
  • Pas de déduction des frais réels : l’imposition se fait sur le chiffre d’affaires, après abattement forfaitaire.
  • Responsabilité illimitée sur le patrimoine personnel, sauf en cas d’option pour l’EIRL (en extinction mais protections résiduelles possibles).

Exemple concret : une graphiste qui démarre avec quelques client·e·s peut opter pour ce régime. Tant que son chiffre d’affaires reste modeste, elle bénéficie d’une grande simplicité.

2. L’entreprise individuelle (EI)

Depuis 2022, le statut d’entreprise individuelle a été modernisé.

Avantages :

  • Patrimoine personnel protégé : seul le patrimoine professionnel est saisissable en cas de dettes.
  • Fiscalité souple : possibilité d’imposition à l’impôt sur le revenu ou option pour l’impôt sur les sociétés.
  • Adapté si l’activité dépasse les seuils de la micro-entreprise.

Limites :

  • Cotisations sociales calculées sur le bénéfice, même en l’absence de revenus encaissés.
  • Formalités de gestion plus lourdes que pour la micro-entreprise (bilan, comptabilité complète).

Exemple concret : un développeur·se web qui facture des missions importantes (plus de 100 000 € par an) aura intérêt à basculer en EI pour déduire ses frais réels (ordinateur, logiciel, coworking).

3. L’EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée)

Il s’agit d’une SARL avec un·e seul·e associé·e.

Avantages :

  • Responsabilité limitée au montant des apports.
  • Fiscalité modulable : impôt sur le revenu ou impôt sur les sociétés.
  • Possibilité de déduire les frais réels et d’amortir du matériel.

Limites :

  • Création et gestion plus complexes que l’EI (statuts à rédiger, dépôt de capital social, assemblée annuelle).
  • Cotisations sociales calculées sur la rémunération du gérant, souvent plus élevées qu’en micro.

Exemple concret : une consultante en marketing qui veut investir dans des outils coûteux et collaborer avec d’autres partenaires peut opter pour l’EURL.

4. La SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle)

Très prisée des freelances en croissance.

Avantages :

  • Responsabilité limitée aux apports.
  • Président·e assimilé·e salarié·e : meilleure protection sociale (assurance maladie, retraite) que dans l’EI ou l’EURL.
  • Grande souplesse dans la rédaction des statuts et la répartition future du capital si l’activité se développe.
  • Possibilité de se rémunérer par dividendes (soumis à la flat tax).

Limites :

  • Charges sociales plus élevées que dans l’EURL pour une même rémunération nette.
  • Formalités de création et coûts plus importants (rédaction de statuts, annonces légales, comptabilité obligatoire).

Exemple concret : un·e freelance dans le conseil en stratégie qui envisage de recruter ou d’attirer des investisseurs préférera souvent la SASU.

Lancez votre activité sur des bases saines

Le choix du statut juridique est la première étape pour construire votre entreprise. Pour maîtriser tous les autres aspects (de la recherche de clients à la gestion quotidienne) et bâtir une activité rentable sur le long terme, une préparation solide est essentielle.

Se former pour réussir en freelance
Un homme souriant avec des écouteurs filaires et assis à son bureau avec son ordinateur portable

Comparatif des statuts juridiques

Micro-entreprise

  • Formalités : très simples
  • Fiscalité : IR (abattement forfaitaire)
  • Protection sociale : limitée (régime indépendant)
  • Plafond CA : oui
  • Responsabilité : illimitée (sauf EIRL)

EI (Entreprise Individuelle)

  • Formalités : simples à modérées
  • Fiscalité : IR ou option IS
  • Protection sociale : régime indépendant
  • Plafond CA : non
  • Responsabilité : patrimoine personnel protégé

EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée)

  • Formalités : complexes
  • Fiscalité : IR ou IS
  • Protection sociale : régime indépendant
  • Plafond CA : non
  • Responsabilité : limitée aux apports

SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle)

  • Formalités : complexes
  • Fiscalité : IS (option IR temporaire possible)
  • Protection sociale : assimilé·e salarié·e
  • Plafond CA : non
  • Responsabilité : limitée aux apports

Critères pour choisir le bon statut

Le choix dépend de :

  • Votre chiffre d’affaires prévisionnel : micro-entreprise si revenus modestes, EI/EURL/SASU si CA plus élevé.
  • Vos besoins en protection sociale : SASU pour une meilleure couverture, EURL/EI pour optimiser le coût.
  • Votre volonté d’investir : SASU ou EURL si besoin de matériel ou d’associer des partenaires.
  • Votre vision de long terme : micro pour démarrer simplement, SASU si l’objectif est de développer fortement l’activité.

Conclusion

Le choix du statut juridique pour un·e freelance est stratégique. La micro-entreprise séduit par sa simplicité, mais elle convient surtout pour démarrer. L’entreprise individuelle et l’EURL apportent plus de flexibilité et de possibilités de déduction. La SASU offre une meilleure protection sociale et des perspectives de croissance, mais avec des coûts plus élevés.

Il n’existe pas de statut idéal universel : tout dépend de votre activité, de vos ambitions et de vos besoins personnels. Avant de vous lancer, il est conseillé de vous faire accompagner par un·e professionnel·le comme Numbr afin d’opter pour la solution la plus adaptée.

Pour aller plus loin

Le choix du statut n'est que la première pierre de votre édifice entrepreneurial. Pour construire sur des bases solides, il est essentiel d'élargir votre champ de compétences.

  • Guide complet pour créer son entreprise : une ressource essentielle pour comprendre toutes les étapes de la création, bien au-delà du seul aspect juridique.
  • Comment devenir freelance : cet article aborde les aspects pratiques et stratégiques pour démarrer son activité du bon pied.
  • Développer son réseau professionnel : cet article vous donne des clés pour construire un réseau solide, essentiel pour trouver vos premières missions car avoir une structure juridique sans clients ne sert à rien.

En conclusion, en vous informant sur ces sujets connexes, vous adoptez une véritable posture de chef d'entreprise, prêt à anticiper les défis et à saisir les opportunités.

Tout ce que vous devez savoir

Puis-je changer de statut plus tard ?

Oui, absolument. Il est très courant de commencer en micro-entreprise pour sa simplicité, puis d'évoluer vers une EI, une EURL ou une SASU lorsque l'activité se développe et que les plafonds sont atteints. Le passage d'une entreprise individuelle à une société est en revanche plus complexe.

Puis-je cumuler le statut de freelance avec un emploi salarié ?

Oui, c'est possible, à condition de respecter votre devoir de loyauté envers votre employeur (ne pas le concurrencer) et de vérifier que votre contrat de travail ne contient pas de clause d'exclusivité.

Qu'est-ce que l'ACRE et suis-je éligible ?

L'ACRE (Aide à la Création ou à la Reprise d'une Entreprise) est une exonération partielle de charges sociales pendant la première année d'activité. La plupart des créateurs d'entreprise, y compris les micro-entrepreneurs, y sont éligibles (sous conditions, notamment pour les demandeurs d'emploi).

Micro-entreprise : que se passe-t-il si je dépasse les plafonds ?

Si vous dépassez les plafonds de chiffre d'affaires pendant deux années consécutives, vous basculez automatiquement au régime de l'entreprise individuelle l'année suivante. Vous perdez alors le bénéfice de la comptabilité et de la fiscalité simplifiées.

SASU ou EURL : quel est le critère principal pour choisir ?

Le critère majeur est la protection sociale et son coût. En SASU, le dirigeant est "assimilé salarié", bénéficiant d'une très bonne couverture (notamment pour la retraite) mais avec des charges sociales élevées. En EURL, le gérant est "travailleur non-salarié" (TNS), avec des charges plus faibles mais une protection sociale moins complète.

Ai-je droit au chômage en tant que freelance ?

En règle générale, un freelance ne cotise pas à l'assurance chômage et n'y a donc pas droit. Il existe toutefois une exception, l'Allocation des Travailleurs Indépendants (ATI), mais elle est soumise à des conditions très strictes de revenus et de liquidation judiciaire. Il ne faut pas compter dessus comme un filet de sécurité.

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